Corée du Nord : Escapade au pays des Kim

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¤ Durée du séjour :  
Sur 4 jours avec 3 nuits sur place en mai 2015, c'est le format de séjour le plus court disponible pour les touristes.
 
¤ Hébergement :  
Yanggakdo Hotel sur l'île de Yanggak à Pyongyang
 
¤ Transport :  
Train entre Dandong (Chine) et Pyongyang (7h de trajet + 2h de fouille à la frontière)
Bus pour tous les déplacements pour les visites
Avion entre Pyongyang et Shenyang (Chine) pour le retour (1h de vol sur Air Koryo)
 
¤ Budget :
720€ en formule "all-inclusive" (visa, train, avion, hôtel, repas, visites)
 
¤ Itinéraire
Jour 1 : Dandong-Sinuiji-Pyongyang en train, soirée à l'hôtel
Jour 2 : Pyongyang-Monts Myohyang pour la matinée (1h30 de route), Pyongyang l'après-midi
Jour 3 : Pyongyang-Kaesong-DMZ pour la matinée (2h30 de route), Pyongyang l'après-midi
Jour 4 : Pyongyang-Shenyang en avion
 
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¤ À voir
- Ce qu'on vous montre : vous n'aurez pas le choix
- Ce qu'on ne vous montre pas : il faut ouvrir l’œil !
 
¤ Conseils importants
- S'intéresser, se renseigner, se documenter sur le pays avant d'y aller aide à la compréhension de ce qu'on vous dit, et de ce qu'on ne vous dit pas.
- Ne pas perdre de vue la partie touristique du pays est une vitrine bien loin de représenter la situation préoccupante de millions de nord-coréens (/obvious).
 
¤ Conditions de voyage
- Est-ce qu'on peut prendre des photos en Corée du Nord ? Oui, pratiquement tout le temps. Seules restrictions : pas de photo de militaires, et pas de photo en dehors des villes. Éviter de prendre les gens en photo sans leur autorisation. En pratique, on a pas été emmerdé, ni contrôlé. Juste un peu surveillé à la frontière avec la Corée du Sud (zone militaire très sensible).
- Qu'est-ce qu'on ne peut pas emmener en Corée du Nord ? Journaux, revues, livres qui parlent de la CdN, porno, GPS, tout ce qui touche à la religion.
- Qu'est-ce qu'on peut apporter ? À peu très tout le reste, incluant ordinateurs portables, téléphones (même avec fonction GPS), tablettes, livres, nourriture... Par contre il faut déclarer tous les appareils électroniques :
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Note : il fallait normalement fournir les IMEI des téléphones qui entrent de le pays, en pratique ils s'en foutent on a rien rempli.
Note2 : pareil pour la fiche médicale qu'on a signé sans rien remplir.
- Est-ce qu'on peut se déplacer librement en Corée du Nord ? Non. Le programme est défini à l'avance et il est pas question d'improviser. On peut faire des modifications en demandant à l'avance, et ils accepteront si c'est possible.
- Est-ce qu'on peut se déplacer seul en Corée du Nord ? Pas question, tout le monde est avec ses 2 guides et le chauffeur en permanence, sauf à l'hôtel le soir (donc on ne peut pas sortir évidemment).
- Est-ce qu'on peut rencontrer/parler à des Nord-coréens ? Oui rien n'empêche d'aller voir, saluer, discuter avec la population de Pyongyang (pas ailleurs). Sauf que eux n'ont pas du tout envie (le droit ? :o ) de nous parler, et ne parlent que le coréen de toute façon. Ceux qui parlent une autre langue et qui sont en contact avec les touristes (personnel de l'hôtel, serveurs, guides des attractions) sont briefés et répondent à toutes les questions au mieux avec des banalités, et souvent à coté de la plaque.
- Est-ce dangereux de visiter la Corée du Nord ? Non, à condition de bien se comporter. Les touristes sont choyés : ils apportent des devises, ils iront raconter partout dans le monde à quel point le pays est formidable, et ils servent à montrer à la population que le monde entier envie ce pays modèle au point de venir le voir de leurs propres yeux.
- Est-ce qu'on peut se connecter à internet en Corée du Nord ? Oui! Des cartes sim incluant de la data 3G sont disponibles pour les visiteurs. Autre solution, envoyer un courriel depuis l'hôtel : 2€ par envoi, relus par leurs soins pour vérifier votre orthographe ;)
- Est-ce que c'est vrai que les chambres d'hôtel sont sur écoute ? Ça l'a peut-être été et ça l'est peut-être encore pour les journalistes/diplomates/businessmen (et encore) mais pour les touristes, c'est du pur fantasme.
- Est-ce qu'on peut aborder tous les sujets avec nos guides ? Avec mon guide francophone en tout cas oui, aucun sujet tabou. Quelques réponses approximatives parfois ou volontairement détournées mais on peut parler de tout. C'est même mon guide lui-même qui m'a demandé ce que je pensais de la condition humaine dans leur pays ! Notre autre guide qui parlait mandarin était beaucoup moins loquace (elle avait 19 personnes à gérer, alors que le guide francophone n'était que pour moi...)
 
¤ Déroulement du séjour
 
Jour 0 - Dandong
 
Le voyage commence en Chine à Dandong, séparée de la Corée du Nord par le fleuve Yalu. Le pont de l'amitié sino-coréenne est le principal point d'entrée pour les marchandises venant de Chine, il se traverse par route ou par rail (aucun piéton). Note : il n'est illuminé la nuit que du coté chinois. Juste à coté, le pont cassé, détruit par les Américains en 1950 et laissé en l'état par les coréens en témoignage de l'agression yankee. Une particularité de cette ville est qu'une bonne partie des employés des hôtels et restaurants sont des nord-coréen(ne)s, dans le cadre d'un échange entre les deux pays. Tous viennent évidemment de Pyongyang et de familles privilégiées par le régime. On retrouve aussi dans les bordels de la ville une partie de ceux -et surtout celles- qui ont franchis la frontière de façon moins officielle, vendu(e)s par les passeurs aux proxénètes des environs.  
 
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( CdN depuis mon hôtel à Dandong - Pont cassé avec derrière le pont de l'amitié )
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( Fin du pont coté chinois - Bombes américaines qui ont détruits le pont )
 
Tout proche de la ville, on part visiter un restant de la grande muraille de Chine (la partie la plus orientale, à Hushan). Pas vraiment authentique, tout est restauré à la chinoise mais ça permet une belle ballade et donne un point de vue intéressant sur les voisins : quelques villages au loin, des postes de surveillance de la frontière... En hiver le fleuve étant gelé, c'est l'endroit le plus utilisé par ceux qui osent la fuite (très risqué, mais beaucoup moins que coté Corée du Sud).  
 
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( À gauche la Chine, à droite la CdN )
 
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( village coréen depuis la muraille de Chine à Hushan - Barbelés coté chinois le long de la frontière où le fleuve est moins large )
 
Dans la soirée, des amis de la belle-famille nous invite dans un restaurant coréen de la ville, avec spectacle nord-coréen (musique, danse) bien kitch pour lequel je me retrouve forcer à offrir des faux bouquets aux artistes devant une salle hilare  [:pingouino]
 
Extrait vidéo : https://youtu.be/XBrpEdMsF_4  
 
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( La Célion Dion nord-coréenne - Dandong de nuit à gauche, la CdN dans le noir à droite )
 
Jour 1 - Dandong-Pyongyang
 
Pour obtenir le visa, on a communiqué avec une agence de voyage chinoise basée à Dandong. Aucun formulaire à remplir et rien à payer d'avance, tout s'est négocié par wechat (un équivalent chinois de whatsapp en gros), et on paye notre contact directement à la gare de Dandong en échange de nos visas et nos billets de train. On prend place dans notre cabine et on traverse le pont pour s'arrêter à Sinuiju, la ville juste en face. L'arrêt va durer deux heures, le temps de compléter les procédures pour l'ensemble des voyageurs : validation des visas, déclarations de marchandises et de santé, vérification des billets de train. On tombe par hasard dans une cabine avec un chinois qui parle couramment le coréen et qui nous expliquera/traduira tout ça, plutôt pratique parce que personne ne parle un mot d'anglais. C'est lui qui nous prévient d'ailleurs que les déclarations ne sont pas vraiment lues et qu'une signature sur chaque document suffit. La fouille de la valise se limite à soulever une pile de vêtements sans conviction. Ils retournent la GoPro dans tous les sens sans vraiment comprendre mais n'insistent pas. La seule chose qui les fait tiquer est notre situation : un couple entre un français blanc et une canadienne asiatique qui parle mandarin  :pt1cable:  Il faudra leur montrer nos photos de couple sur la tablette pour qu'ils finissent par y croire  :D   Ils feront aussi des commentaires sur les photos des travaux de notre maison que notre co-voyageur nous traduira par la suite : pour eux on vit dans le grand luxe ! Ce fameux voyageur fait du business à Pyongyang et passe tellement souvent qu'il connait tous les gardes-frontières qui fouillent le train. Il se fera racketter gentiment de quelques cigarettes et même de sa -fausse- montre de marque qu'il garde avec lui mais devra la donner à son retour. Il nous explique que pour "aider" son business, il a déjà apporté frigos, vélos ou TV pour passer la frontière sans problème.  :D  
 
Le visa et le billet de train.
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La fouille de tout le train complétée, on reprend notre route jusqu'à la capitale où on arrivera autour de 18h. La traversée des campagnes met tout de suite dans l'ambiance : la moindre parcelle de terrain relativement plate est cultivée, tout à la main ou presque.  
 
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( propagande dans chaque village traversé - portraits des leaders affichés sur toutes les gares )
 
On aperçoit quelques camions et de rares tracteurs, ou parfois des bœufs, un voyage dans le temps surréaliste ! Tout le monde se déplace à vélo ou à pied sur des routes de terre, aucun bitume en dehors des autoroutes et de Pyongyang. De toute façon les nord-coréens ne se déplacent quasiment pas, il faut une sorte de visa rien que pour se déplacer au village d'à coté.  
 
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( chemins de terre dans un village coréen - sur le quai de de la gare d'un village )
 
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( des volontaires :o au travail dans la campagne )
 
À la gare de Pyongyang je cherche mon guide francophone... en vain. Je finis par comprendre qu'un guide anglophone est là pour moi, ce qui n'est pas ce qui était convenu avec l'agence. Évidemment la présence de mon guide était confirmée tous les jours précédents jusqu'à hier, mais plus aujourd'hui :pfff:  Je lui fais vivement part de mon mécontentement (au prix du séjour...) et finalement ils me dégoteront monsieur Cha, employé de bureau de sa fonction qui accepte de sortir de son quotidien habituel pour s'improviser guide pour moi, étant le seul francophone disponible qu'ils ont trouvé. On nous installe dans notre chambre d'un autre âge mais néanmoins propre et offrant une très belle vue sur la tour du Juche et le lever de soleil. La TV nous permet de suivre les bulletins officiels de la chaine nationale, en boucle aux 10 minutes... passionnant. Pour se changer les idées, l'hôtel propose un casino, une salle de karaoké, des salles de détentes (billard, bowling, ping-pong, massages, spa...) et bien sûr plusieurs boutiques à souvenir, où tout se paye en euros, dollars US ou yuans chinois. La monnaie locale n'est pas accessible aux touristes (comme à Cuba).
 
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( orage et ambiance de fin du monde pour notre première soirée à Pyongyang )

Jour 2 - Monts Myohyang / Pyongyang
 
L'orage de la veille a laissé place à un soleil éclatant qui nous accompagnera jusqu'à la fin du séjour (au grand dam de mon guide, ça ne va pas aider les récoltes... d'ailleurs la sècheresse pourrait être catastrophique cette année). On part tôt en bus pour rejoindre les monts Myohyang, à environ 1h30 de route, ou plutôt d'autoroute défoncée http://images.mesdiscussions.net/eco/images/perso/edy.gif . Lors de la sortie de Pyongyang on repasse devant la gare où on est arrivés la veille, et j'aperçois un groupe de femmes en robes traditionnelles sur le parvis, en train de réaliser une chorégraphie de danse. Je demande à mon guide si c'est l'entrainement pour les mass-games mais monsieur Cha m'apprend qu'ils ont été annulés cette année. C'est simplement des volontaires qui vont encourager les travailleurs (!).  
 
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( lever de soleil sur Pyongyang )
 
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( le fameux hôtel Ryugyong - décoration discrète au restaurant - monument à un carrefour au milieu de nulle part ?! )  
 
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( campagne nord-coréenne )  
 
La première visite de la journée est l'exposition internationale de l'amitié nord-coréenne. En pleine montagne, on arrive devant la façade aux portes immenses d'un bâtiment enterré, à l'intérieur duquel aucune photo n'est autorisée (contrôle strict, aucun sac, détecteur de métaux...). On doit couvrir nos chaussures de magnifiques sur-chaussons pour pouvoir faire la visite et on se rend rapidement compte de l'immensité des lieux. Sur 6 étages se retrouvent tous les cadeaux offerts par les "amis" de Kim-Il-Sung   , soit 160.000 objets (!) dispersés dans des dizaines et dizaines de salles dont on traverse une partie au pas de course. On nous informe qu'il faudrait une année au complet de visite pour les voir un par un. Le bâtiment en lui-même est un véritable palais de luxe aux nombreuses colonnes de marbre et aux murs de granit, on passera même sous un lustre de cristal de plus de 10m de haut. Et là arrive un moment parmi les plus "WTF" de notre séjour : on nous fait entrer en silence dans une des salles qui présentent les cadeaux et tout au fond se trouve dans un décor plus vrai que nature une statue en cire du président éternel devant laquelle on doit s'aligner et se prosterner pour montrer notre respect  :pt1cable:  J'évite la courbette, faignant de ne pas comprendre la consigne donnée uniquement en mandarin. Et on continue avec une autre salle avec la statue de la femme de Kim-Il-Sung    et enfin avec le plus taré de la dynastie des Kim, un général Kim-Jong-Il    plus réel que jamais dans son décor du mont Paektu. On nous autorise par la suite quelques photos du décor montagneux depuis la terrasse et la visite se prolonge avec un deuxième musée enterrée dans la montagne en face, celui-ci consacré aux cadeaux reçus par le fils Kim-Jong-Il    , un peu moins garni mais tout aussi luxueux.
 
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( entrée de l'exposition des cadeaux à Kim Il-sung    - même chose pour Kim Jong-Il    )
 
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( le doyen du groupe déclenche l'ouverture de la porte - vue sympathique depuis la terrasse avec photos autorisées voire encouragées )
 
Les fameuses statues WTF : les photos viennent d'internet et auraient été pris par l'artiste chinoise qui les a réalisé, c'est les seules photos trouvables à priori.
 
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On continue pas très loin de là par la visite du temple de Pohyon, construit 1000 ans plus tôt en 1024. Jadis point central du bouddhisme coréen et lieu de pèlerinage, il fût pas mal endommagé pendant les bombardements américains des années 1950 et une bonne partie des bâtiments sont des reconstructions, et seuls quelques moines habitent ce lieu dans un pays où la religion bien qu'officiellement autorisée est devenue rare. Lors de sa visite, il a suffit d'un regard sur la pagode pour le maréchal Kim-Jong-Un     pour déterminer le nombre de "clochettes" accrochées. Après vérification le compte était évidemment exact ! Facile, pour quelqu'un qui savait couramment lire et écrire à 3 ans.
 
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( la fameuse pagode de l'anecdote )
 
Puis retour à Pyongyang avec un premier arrêt au Kim-Il-Sung Square, grande place entourée des principaux musées de la ville et qui fait face, de l'autre coté du fleuve, à la tour du Juche. Avec sa taille de 75000 m², c'est l'endroit habituel des grands rassemblements de masse et défilés militaires.
 
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( palais des études du peuple, la grande bibliothèque de Pyongyang - musée de l'histoire coréenne - tour du Juche)  
 
La suite se passe au palais des enfants de Pyongyang où nous sera présenté un spectacle d'une heure représentant plusieurs tableaux de la vie heureuse en Corée du Nord : différents tableaux de danse, de chant, et de musique traditionnelle s’enchainent, interprétés au millimètre par les enfants-robots.  
 
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( standing ovation finale )
 
Un des tableaux sur la sécurité routière  [:angellus2]  : http://youtu.be/HxXk4RoJKDc
 
Il est maintenant temps de passer au moment le plus important du séjour pour nos guides, et qui aurait du arriver tôt ce premier matin : aller montrer notre respect aux leaders. Le monument prévu pour ça : le Mansudae Grand Monument étant en rénovation (snif snif, on ne le verra pas), on nous emmène vers un autre monument qui représente la bravoure de Kim-Il-Sung    et Kim-Jong-Il   , juchés sur des chevaux. Comme pour chaque statue croisée pendant le séjour c'est le même rituel : on nous offre la possibilité (non obligatoire) d'acheter un bouquet (à 5€, qui sera rangé et revendu aux touristes suivants dès notre départ comme à chaque fois) et d'aller le déposer au pied du monument, en signe de respect. À nouveau on ajuste les tenues et le groupe s'avance pour la révérence  [:otakonleboss] . Comme pour chaque statue/représentation, la consigne est stricte : il est absolument interdit de couper les leaders sur les photos. Mon guide m'explique qu'à la mort de Kim-Jong-Il    , les nord-coréens n'avaient aucun endroit pour aller faire le deuil et montrer leur tristesse, cette statue a donc été réalisée en urgence et installée à coté de celle de son père, ce qui en a fait le premier lieu où les gens pouvaient se recueillir pour lui, avant que son portrait et ses statues soient ajoutés partout au coté de son père dans tout le pays.
 
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( le reste de la place autour du monument )
 
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( le fameux Mansudae Grand Monument, à gauche tel qu'on aurait aimé le voir -photo d'internet- et à droite tel qu'on l'a vu )
 
Et pour finir cette journée bien chargée, direction la maison natale du président éternel Kim-Il-Sung    dans la banlieue de Pyongyang. Il serait né là en avril 1912 (Année 1 du Juche) et a grandi dans cette maison avant de quitter le pays en jurant ne revenir qu'après avoir libéré le pays, ce qu'il fit 20 ans plus tard. Les objets de sa vie quotidienne et quelques photos décorent la petite maison aux murs de boue. À coté de la maison, je partage avec mon guide l'eau du puit qui a abreuvé le président éternel dans sa jeunesse, cela nous apportera force et prospérité.  
 
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Jour 3 - DMZ-JSA / Kaesong / Pyongyang
 
Départ à nouveau très matinal à travers la circulation de Pyongyang pour rejoindre l'autoroute de la réunification en direction du sud, aucune photo pendant le trajet, en tout cas c'est la consigne... Après plus de deux heures sur la route déserte et défoncée, on arrive à la frontière coréenne démilitarisée (DMZ, tellement démilitarisée qu'elle comporte 1,2 millions de soldat aux nord, 650,000 soldats au sud, des tours de garde partout et quelques centaines de milliers de mines), et plus précisément à la JSA (Joint Security Area), un vestige de la guerre froide et seul endroit officiel où les deux Corée peuvent négocier. La visite commence par la salle où à été signé l'armistice de la guerre de Corée en 1953, entre le Nord et l'ONU (la Corée du Sud n'a jamais signé, c'est pourquoi techniquement les deux Corées sont toujours en guerre).
 
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( la dernière signature de Kim-Il-Sung - le document de l'armistice de 1953 - une partie des trophées de guerre récupérés sur des américains )
 
Puis on enchaine avec ce qui nous intéresse : les baraques que se partagent les deux pays. Coté sud, on ne voit personne, l'armée ne se met en place que pour protéger les visiteurs et aujourd'hui, pas de touristes coté sud. Coté nord les soldats se déploient et une fois la manœuvre complétée, on peut approcher et entrer dans la salle au centre, un soldat nord-coréen nous protégeant devant la porte coté sud. Malgré les nombreuses sollicitations pour les photos, notre guide-soldat qui nous accompagne (nous protège) pour toute la visite de la zone tient à discuter un moment avec moi (seul blanc du groupe) et mon guide devient le temps de quelques minutes mon traducteur officiel, pour évoquer ce que je ressens lors de la visite, ce que je sais de la situation, ce que j'en pense et comment je vois la réunification.  
 
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( la baraque que nous avons visité - la ligne de séparation - mon ami soldat )
 
Il est évidemment impossible de traverser coté Sud ici, pour aller à seulement quelques mètres de l'autre coté il faudrait :
- reprendre le bus jusqu'à Pyongyang (2h de route)
- prendre un avion jusqu'à Pékin (2h de vol)
- prendre un autre avion jusqu'à Séoul (2h15 de vol)
- reprendre un bus vers la DMZ coté sud (45 min de route)
 [:chinge:1]  
 
Retour au bus et direction Kaesong pour un repas typiquement local, servi dans des petits bols, symboles assumés de la radinerie des gens de la région. On nous raconte l'histoire ancienne d'un concours du plus radin (!) contre une ville du sud, pour laquelle dans une épreuve ils devaient utiliser un éventail. Le représentant de la ville du sud a tout juste bougé l'éventail devant lui pour ne pas partager le vent créé, alors que le représentant du nord a gagné en approchant et secouant sa tête devant l'éventail gardé immobile. Et oui, on sait s'amuser en Corée du Nord  :whistle:  On enchaine avec le musée Koryo qui présente quelques reliques historiques du temps où Kaesong était capitale du royaume de Koryo. Visite au pas de course qui nous permet à peine de lire les quelques explications sur les différents objets. Le plus intéressant est en fait la boutique (beaucoup moins dispendieuse qu'à Pyongyang) d'où je ramènerai 3 bouteilles d'alcool qui d'après les explications officielles feront le plus grand bien à mon système sanguin en plus de m'apporter vigueur et énergie.
 
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( musée Koryo - mariage nord-coréen dans le parc du musée - un petit souvenir à 60° )
 
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( agriculteurs au travail, vus de l'autoroute lors du retour vers Pyongyang )
 
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( campagne nord-coréenne - échafaudage de qualité et travaux des champs derrière - volontaires au travail dans les rizières )
 
De retour à Pyongyang on part visiter les 2 stations de métro qui sont accessibles aux touristes, et on se retrouve à 100m sous terre (parmi les métros les plus profonds du monde) pour parcourir les quelques dizaines de mètres qui nous séparent de la station suivante, où on se retrouve mêlés complément à la population locale (et pas à des acteurs, comme les imbéciles de Enquête Exclusive le racontent). Dans la décoration de la station et également à l'intérieur de chaque wagon, on retrouve encore et toujours les portraits de Kim-Il-Sung    et Kim-Jong-Il  .
 
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Les locaux à la sortie du métro : https://www.youtube.com/watch?v=4k_Kr4e7JxY
 
On continue par l'Arc de Triomphe puis le monument de l'amitié sino-coréenne (là encore avec tout le cirque des bouquets à 5€ et les révérences) et enfin par la tour du Juche (170m donc 20m pour la flamme) devant lequel on retrouve une sculpture en bronze de 30m de haut représentant l'ouvrier, le paysan et l'intellectuel soit le symbole des trois classes sociales du parti des travailleurs. La tour du Juche est avec le quartier qui lui fait face un des rares bâtiments qui restent illuminés la nuit pendant que Pyongyang est plongé après 21h dans l'obscurité totale par le manque d'électricité.
 
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( arc de triomphe - derrière le monument du Juche - notre groupe très coopératif )
 
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( tour du Juche et monument des travailleurs )
 
Jour 4 - Pyongyang / Shenyang
 
Après le checkout à l'hôtel, on récupère enfin nos passeports desquels on était privés pendant le séjour, on dépose à la gare ceux qui repartent vers Pékin en train (24h de voyage...) et on se dirige vers l'aéroport pour notre vol vers Shenyang en Tupolev TU-204 de la compagnie Air Koryo, qui a reçu cette année et pour la 4ème fois le titre de pire compagnie au monde, en plus d'être bien évident sur la liste noire des compagnies aériennes. Pour notre court vol d'une heure vers la Chine, rien à signaler de particulier, les conditions de vol et le service sont très corrects. À noter que ni nos valises, ni nos photos, ni aucunes de nos affaires ne seront contrôlés à la sortie du pays. Le terminal que l'on a utilisé a été fermé un mois après, suite à l'ouverture fin juin du nouveau terminal beaucoup plus moderne. De retour en Chine, c'est à nouveau des publicités qu'on retrouve placardées partout, ce qui nous ferait presque bizarre après n'avoir été entourés que de propagande et de portraits des leaders      pendant les jours précédents...
 
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( no photo !)
 
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( intérieur du terminal - à bord du tupolev - concert en choix unique pour le divertissement )
 
 
Quelques photos supplémentaires
 
Les fameuses agentes de circulation de Pyongyang (qui font même l'objet d'un site fétichiste) :
 
en action : https://www.youtube.com/watch?v=zte5x20Cvgg
 
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Leaders, leaders everywhere      :
 
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Conclusion
 
Il est difficile de rendre par écrit et photos l'ambiance du voyage. Ce qui rend le voyage intéressant est également tout ce que j'ai pu échangé avec mon guide - qui m'a gentiment qualifié de "curieux" plusieurs fois - pendant nos longues discussions parfois invraisemblables sur tous les sujets possibles : histoire, politique, économie, salaires, réunification, guerre, états-unis, criminalité, agriculture, ou encore bien d'autres sujets plus futiles, ou encore tous les comportements étranges qu'on peut observer (les gens qui se cachent à notre approche, les deux adultes qui s'éloignent effrayés quand on veut leur donner un paquet de bonbons que les enfants timides n'osent accepter, les gens qui balayent les autoroutes (!), les vendeurs à la sauvette qui paniquent lorsqu'on s'approche pour regarder leurs échoppes...) pendant que les guides font tout pour que tout paraisse normal. Ou encore ces mêmes guides à l'hôtel qui sortent de l'ascenseur dans la pénombre de leur étage sans électricité pendant que nous montons plus haut dans les étages réservés aux touristes). Toute une expérience que nous ne sommes pas prêt d'oublier :)
 
 
Pour ceux qui veulent en savoir plus, je vous conseille la BD Pyongyang de Guy Delisle, qui décrit avec humour et détachement les absurdités générés par le régime du point de vue de visiteur.